La Lettre n°161 de Septembre 2018

Actualités : Le Vernimmen 2019

Le Vernimmen 2019 est disponible en librairie depuis le 29 août et dès le 16 août pour ceux d’entre vous qui sont abonnés à sa version électronique sur www.vernimmenenligne.net

Habituellement chaque nouveau Vernimmen s'ouvre par un texte de mise en perspective de l'actualité économique et financière des 12 derniers mois et de réflexions sur les 12 prochains mois. Le texte de cette année est plus ambitieux car il analyse une tendance qui s’accélère en finance et qui devrait avoir des conséquences pendant quelques décennies. Nous l’avons intitulé : « La finance : verte, responsable et durable ? ». Nous pensons en effet que les années 2017 et 2018 marquent l’accélération irréversible des préoccupations écologiques, sociales et durables au sein de la finance, et en particulier de la finance d’entreprise ; au point que l’on peut prédire, paraphrasant avec un peu de grandiloquence André Malraux, que la finance d’entreprise sera à l’avenir verte, responsable et durable ou qu’elle ne sera pas !

Nous vous laissons le découvrir.

Naturellement, nous avons fait notre travail habituel de mise à jour pour vous offrir un outil de travail au quotidien aussi précis, fiable et exhaustif et pertinent que possible, intégrant :

·         les nouvelles dispositions boursières, juridiques, comptables et fiscales ;

·         l'ensemble des statistiques et graphiques actualisés présentant les données les plus récentes à juin 2018 (plus de 100 tableaux et graphiques) ;

·         les derniers travaux de recherche ayant des applications pratiques.

C’est ainsi qu’entrent dans le Vernimmen 2019 les termes algorithmes, asset tokenscash burn, clause de liquidité préférentielle, comply or explaincovenant reset, ESG, garantie de la garantie, ICO, makewhole, obligations responsables, paiement en temps réel, …et quelques autres.

Comme tout classique, le Vernimmen vous offre des socles de savoir forgés par la pratique et enrichis par des réflexions conceptuelles, lesquelles ne vous laissent jamais désarmés face à un problème ou une situation financière :

·         le plan type d'une analyse financière et d'une analyse boursière ;

·         les outils de mesure de la création de valeur ;

·         les techniques de placements des actions, des obligations, des crédits syndiqués ;

etc.

Pour vous aider à mieux utiliser « votre Vernimmen », chaque chapitre se clôt par un résumé, des exercices (181 en tout) et des questions corrigées (783).

Nous avons utilisé le rabat de couverture pour présenter dans un lexique français-anglais-américain les principaux termes de la finance, ainsi qu'une antisèche (« le Vernimmen » résumé en une page !).

Tant en annexe que dans le corps du texte, de très nombreux graphiques et tableaux vous donnent des éléments de référence et de comparaison. Afin de vous aider à aller au-delà, si besoin, chaque chapitre est doté d'une bibliographie avec des conseils d'orientation vers des papiers de recherche fondamentale, des articles de presse ou des ouvrages. Enfin, l'index comprend plus de 1 800 entrées.

Tant la version électronique en ligne que la version iPad du Vernimmen vous offrent en plus :

·         les podcasts de nos MOOC sur l'analyse financière ou l'évaluation des entreprises et de nos cours à HEC Paris (sur le LBO, les fusions-acquisitions, l'augmentation de capital, la structuration de la dette, etc.) ;

·         la totalité (pour la version en ligne) ou la quasi-totalité (pour la version iPad) des archives de la Lettre Vernimmen.net depuis son premier numéro de juin 2001 (soit 1 300 pages environ),

·         un glossaire de plus de 2 800 termes de la finance. Pour la version en ligne, nous réalisons à mi-année une actualisation et incluons les changements majeurs des réglementations comptables, fiscales, juridiques et boursières,

·         les deux chapitres bonus consacrés à l'histoire de l'analyse financière et à la micro-économie financière.

Si vous disposez d'un iPad et souhaitez y intégrer le Vernimmen 2019 enrichi, cliquez ici.

Pour vous procurer l'édition papier du Vernimmen 2019, cliquez ici.

Naturellement les abonnés à la version électronique en ligne du Vernimmen ( www.vernimmenenligne.net) disposent de la nouvelle édition 2019 depuis la mi-août. Si vous souhaitez les rejoindre, cliquez ici.

Ses propriétaires bénéficient de conditions tarifaires réduites pour s'abonner aussi à la version en ligne. Nous vous souhaitons autant de plaisir à utiliser votre nouveau Vernimmen 2019 que nous en avons eu durant ces 700 heures nécessaires pour le créer !

Voici ce que certains de ses utilisateurs ont écrit sur le Vernimmen 2019 :

« Il y a le guide Michelin pour les gastronomes, le Parker pour les œnologues, l'Yvert et Tellier pour les philatélistes et ... le Vernimmen pour les financiers. Que vous soyez étudiant, néophyte ou professionnel, (personne n'est à l'abri d'un "trou dans la raquette"), le Vernimmen est l'outil indispensable pour monter à la volée en toute sécurité ... »

Hubert de Charsonville, secrétaire général de la Société française des analystes financiers

« L'ouvrage de référence en finance d'entreprise, tant pour les étudiants que pour les professeurs ! Précis, rigoureux, complet et parfaitement actualisé, il instruit tout en éveillant l'esprit critique de ses lecteurs. »

Sophie Dupaquier-Dars, professeur agrégée d'économie-gestion en classe préparatoire et à Sciences Po Paris

« Depuis toujours, dans ma vie de gérant de portefeuille actions comme dans ma vie d’enseignement, le Vernimmen est ma bible. Lorsque je veux approfondir ou comprendre un point technique, j’ouvre mon Vernimmen et j’y trouve toujours la réponse, rédigée de façon claire et didactique. »

Muriel Faure, co-fondatrice de FOURPOINTS IM, membre du collège de l’Autorité des marchés financiers

« Depuis de nombreuses années, le Vernimmen est une référence inégalée en Finance d’entreprise. Clair et rigoureux, enrichi chaque année grâce à l'expérience de praticiens internationalement reconnus, il restera essentiel tant pour le monde académique que pour les professionnels, bien au-delà de la sphère financière. »

Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin

« Depuis la création de notre Business School en 1971, trouver les outils pédagogiques correspondant à notre vision a toujours été un challenge. Aujourd’hui et depuis de nombreuses années, nous utilisons le Vernimmen qui, à l’instar de nos programmes, concilie exigences académiques et compétences pratiques. L’ouvrage est moderne et offre une montée en compétences induite par ses apports internet, vivement appréciés par nos professeurs et par nos étudiants. C’est un outil indispensable pour toute école de commerce souhaitant former des étudiants opérationnels, efficaces et prêts à affronter les réalités d’entreprise dès la fin de leurs études. »

Dr. Khalifa SBIH, directeur général de l’Université IFM – Institut de Finance et Management, Genève.

« Un ouvrage qui m’a accompagné étant étudiante et qui me suivra désormais durant ma vie professionnelle. À chaque interrogation, je sais que j’y trouverai une réponse claire et précise. 
Le plus : les lettres Vernimmen.net avec ses divers sujets d’actualité. »

Céline Topdemir, étudiante à l’École de Management de Strasbourg

« Comment ne pas citer le Vernimmen, lorsque l’on parle de la finance ? Cet ouvrage précieux complémenté par son application smartphone, ses newsletters, son site internet ainsi que sa page Facebook, est une fenêtre ouverte pour cerner la complexité de la finance. »

Fazia Zibani, étudiante à l’Université de Boumerdès

Enfin, pour ceux d’entre vous qui seront disponible à Paris le 9 octobre, nous ferons le point de l’actualité financière, dédicacerons la nouvelle édition et plus largement rencontrerons les utilisateurs du Vernimmen dans le cadre de l’Opéra de Paris (Garnier), mais rassurez-vous nous ne chanterons pas. Pour vous inscrire gratuitement, cliquez ici.



Actualités : Quand la comptabilité modifie la gestion financière

Avec la contribution de Laurent Guillaume de Natixis

La comptabilité a été conçue pour traduire en chiffres la réalité économique de l’entreprise, et ainsi donner un outil de prise de décision pour les dirigeants, pour les actionnaires, les créanciers et plus généralement les partenaires de l’entreprise (stakeholders). Cependant, nous remarquons de plus en plus et ceci étant certainement exacerbé par le développement des marchés financiers, que les règles complexes d’application des normes comptables (en particulier des normes IFRS) viennent à influer sur la gestion de l’entreprise. Nous avons vu des décisions financières prises in fine en fonction de leur traitement comptable, parfois discutable ou discuté, et non en fonction de l’intérêt de l’entreprise ou de ses actionnaires.

Ainsi, combien de fois n’avons-nous pas entendu un trésorier décliner une couverture car celle-ci ne « qualifiera pas en hedge accounting » (c’est-à-dire que de par ses caractéristiques elle ne pourra pas être mis en regard de l’actif qu’il couvre et créera ainsi de la volatilité au compte de résultat[1]). Ce comportement est malheureusement conforté par la pauvreté des analyses financières, voire même l’absence d’analyses financières, effectuées par la plupart des investisseurs, dont trop confondent analyse financière et focalisation sur quelques lignes emblématiques du compte de résultat (chiffre d’affaires, résultat d’exploitation, résultat net), ne laissant plus alors le choix au directeur financier ou à son trésorier.

La qualification comptable de relations de couverture est souvent difficile à obtenir dans le cadre des normes IFRS, notamment compte tenu de la nécessité de démontrer l’efficacité rétrospective de la couverture. La norme IFRS 9, en supprimant l’obligation de requalification du dérivé de cas de non-respect du ratio d’efficacité 80/125 %, assouplit la règle, mais ne résout pas le problème d’impact de la part inefficace de la couverture en résultat.

Certains groupes ont volontairement choisi de ne pas chercher à obtenir le traitement dérogatoire de la comptabilité de couverture et d’assumer la volatilité de leur résultat IFRS due aux variations de mark to market des dérivés de couverture économique. Ce choix peut dans certains cas faire l’objet d’une information spécifique dans les états financiers IFRS afin d’expliquer les effets économiques des politiques de couverture du risque de change. Ainsi SAFRAN établit des comptes ajustés dans lesquels les résultats des opérations de couverture sont présentés sur les mêmes périodes que ceux des flux couverts[2]. Le compte de résultat consolidé du Groupe est ajusté des incidences de la valorisation des instruments dérivés de change afin de « rétablir la substance économique réelle de la stratégie globale de couverture du risque de change du Groupe » : le chiffre d’affaires net des achats en devises est valorisé au cours de change effectivement obtenu sur la période, intégrant le coût de mise en œuvre de la stratégie de couverture. La totalité des variations de juste valeur des instruments dérivés de change afférentes aux flux des périodes futures est neutralisée.

Les banquiers viennent maintenant voir les directeurs financiers avec leur spécialiste comptable en présentation marketing…

Le choix d’un produit de placement se fait avec un critère premier qui est de savoir s’il qualifie pour être comptabilisé en liquidité (et non en immobilisation), l’analyse des mérites du produit lui-même ne vient qu’après.

De même, une opération de gestion du passif (comme le rachat d’obligations pour en émettre de nouvelle à échéance plus longue) aura peu de chance de se faire si les critères pour étaler la plus ou moins-value sur la branche rachat ne sont pas remplis. Il est absurde qu’une entreprise doive réfléchir à deux fois avant d’étendre la maturité de sa dette tout en bénéficiant de conditions d’emprunt attractive, simplement parce que l’opération aura un impact sur son compte de résultat. Les IFRS ayant supprimé le résultat exceptionnel, l’entreprise n’a plus la possibilité d’y loger le résultat non récurrent dégagé à l’occasion de l’allongement de la maturité de la dette.

La question du traitement comptable se pose dans de nombreux cas. Citons l’exemple de l’ORNAE, produit proche d’une obligation convertible classique, mais dont le remboursement se fait en liquidités ou en actions d’autocontrôle. Ce produit paraît attractif pour des groupes qui veulent limiter leur dilution du capital, mais les IFRS imposent que la partie optionnelle soit réévaluée tous les ans dans les comptes, créant ainsi une volatilité du résultat (sans impact cash). Cet élément rebute plus d’un émetteur…

SEB a néanmoins décidé de faire fi de cet inconvénient en émettant en 2016, 150 M€ d’ORNAE. Le fait que le groupe soit contrôlé par une famille avec une perspective long terme et non une attention fixée sur les résultats semestriels explique certainement le choix.

Plus généralement, et à plusieurs reprises dans nos discussions avec des trésoriers et des directeurs financiers pour préparer cet article, est revenue l’idée que l’application des normes IFRS n’est pas homogène d’un pays à un autre, bien que l’on retrouve partout les mêmes auditeurs : Deloitte, EY, KPMG et PWC. L’application en France semble très conservatrice tant sur les traitements imposés par les auditeurs que sur le niveau d’information à faire apparaître dans les annexes[3]. Ainsi l’information disponible sur l’affacturage publiée par Sanofi est beaucoup plus détaillée que celle données par ses concurrents (cette information y est parfois totalement absente !). Nul besoin de préciser que cette orthodoxie bien française ne représente pas nécessairement un avantage compétitif pour les entreprises.

Et pour terminer sur une note positive, notons que comme toute normes, les IFRS servent aussi de prétexte aux  cadres financiers pour opposer des garde-fous à des opérationnels pleins de ressources créatives . . . ou même à des subordonnés. Ainsi, par exemple les contraintes imposées sur la qualification de cash et cash equivalent suite à la crise des subprimes a permis de contraindre les trésoriers les plus aventureux qui souhaitaient doper la performance de leur trésorerie.

 

[1] Pour plus de détails, voir le chapitre 8 du Vernimmen 2019.

[2] Document de référence 2017 page 45, 2.1 COMMENTAIRES SUR LA PERFORMANCE 2017 EN DONNÉES AJUSTÉES. 2.1.1 Méthodologie de passage en données ajustées.

[3] En témoigne la taille des rapports annuels français. Voir La Lettre Vernimmen.net n° 142 de septembre 2016.

 



Actualités : Des nouvelles de notre dernière création pédagogique

2800 personnes déjà formées à la finance grâce au digital

Nous avons conçu pour HEC Paris et First Finance un programme certifiant de finance d’entreprise entièrement digital qui permet à ceux d’entre vous qui veulent rafraichir leurs connaissances en finance d’entreprise, ou acquérir un niveau similaire à celui que nous transmettons à nos étudiants d’HEC Paris, de pouvoir le faire à leur rythme sur 5 mois.

3 ans et demi, 2 800 personnes ont suivi avec un haut niveau de satisfaction cette formation innovante qui débouche sur une certification d’HEC Paris en finance d’entreprise : l’ICCF @ HEC Paris.

Le programme couvre l’essentiel de la finance d’entreprise : analyse financière, évaluation de société, choix d’investissement et de financement. Il s’articule autour de sessions de cours par vidéos, d’études de cas d’application, d’échanges en direct avec Pascal Quiry à travers des « classes virtuelles » hebdomadaires ainsi que d’échanges actifs sur le forum entre les participants et Pascal Quiry. Ce programme est donc aussi un lieu unique d’interactions riches entre professionnels et passionnés de finance d’entreprise. 

Chacun des trois thèmes traités se termine par l’étude d’un cas réel et récent ; l’ensemble du programme se termine par un test final.

La septième promotion commence le 15 octobre 2018.

Pour en savoir plus sur ce programme, écouter les témoignages des participants, voir http://hecparis.ff.institute/fr/iccf/ ou la boîte aux lettres du site vernimmen.net pour échanger avec nous sur ce programme, destiné à partager efficacement les connaissances et pratiques accumulées, selon un format adapté à votre agenda professionnel ou privé.

 



Tableau : Les SPAC

Il y a une dizaine d’années[1] nous vous faisions découvrir ce qu’étaient les SPAC, Special Purpose Acquisition Company : « C’est-à-dire une coquille qui se fait coter en bourse en levant des capitaux propres auprès du public avec l’objectif de prendre le contrôle d’une société, non encore identifiée, cotée ou non, dans un délai maximum de 24 mois. ». Les SPAC peuvent être généralistes, c’est-à-dire sans aucune contrainte sur le type d’investissement qu’ils peuvent réaliser, ou spécialisés. Ainsi Trident Acquisition a levé 175 M$ en 2018 pour investir dans le secteur de l’énergie en Europe de l’Est. En réalité, le secteur d’investissement est généralement défini de fait par la personnalité et l’expérience des dirigeants du SPAC.

Avec la forte liquidité du marché boursier, le marché des SPAC a continué à se développer aussi bien en nombre qu’en montant aux États-Unis :

En Europe, les opérations étaient ponctuelles jusqu’à l’an dernier (4 en moyenne par an). En 2017, ce marché a explosé avec 19 opérations pour quelque 4 Md$.

En France, il n’y a eu à notre connaissance qu’une opération de ce type : la création de Mediawan, véhicule pour l’investissement dans la production et la distribution audiovisuelle (dirigé par Pierre-Antoine Capton et sponsorisé par Xavier Niel et Matthieu Pigasse). Lancé en 2016 avec une levée de fonds de 250 M€, Mediawan s’est « despacké » début 2017 avec l’acquisition d’AB production. Mediawan est maintenant devenu un groupe visant à consolider le secteur de la production TV.

Les SPAC sont des paris faits sur une personne ou une équipe de management, un chèque en blanc montrant la confiance des investisseurs pour un manager (l’ancien président du NYSE ou de Honeywell par exemple). La logique n’est donc pas très différente de celle d’un fonds de LBO qui demande à ses investisseurs LPs de le suivre avant d’avoir réalisé les acquisitions. Toutefois, dans un fonds de LBO, les investisseurs répartissent les risques puisque le fonds va faire plusieurs investissements.

Notons qu’environ un quart des SPAC sont liquidés au bout des 2 ans (durée laissée par les investisseurs pour réaliser la première opération) sans avoir pu mener à bien une acquisition.

 



Recherche : De l'importance de la lisibilité des rapports annuels

Avec la collaboration de Simon Gueguen, enseignant-chercheur à l’Université
de Cergy-Pontoise

De récents articles de recherche portent sur l’importance de la qualité de la rédaction des rapports annuels. L’idée générale est que les informations divulguées dans un rapport annuel doivent être exposées clairement pour entraîner la confiance des investisseurs. Des phrases trop longues ou un recours abusif à des termes complexes et mal définis rendent les informations moins lisibles. Une étude portant sur des fonds d’investissement[1] a montré qu’une moindre lisibilité entraînait une perte de valeur (de 2,5 % pour un écart-type).

Pour contribuer à cette littérature, trois chercheurs se sont intéressés à l’importance de la lisibilité des rapports annuels dans le cas d’alliances stratégiques[2]. Ce cas est particulièrement intéressant car les procédures de due diligence avant l’annonce de ce genre d’alliance ne sont pas comparables à ce qui est pratiqué en cas de fusions-acquisitions. En conséquence, les investisseurs se reposent davantage sur le rapport annuel (du partenaire) pour former leur opinion au moment de l’annonce. D’ailleurs, les auteurs de l’étude constatent sans surprise que ces annonces entraînent une forte hausse du nombre de téléchargements des rapports annuels des entreprises concernées.

L’échantillon étudié contient 1 581 accords bilatéraux (donc 3 162 observations) entre 1995 et 2002, concernant des entreprises américaines non financières. Les auteurs mesurent la lisibilité du rapport annuel par l’indice Fog, attribué à l’éditeur américain Robert Gunning. L’indice est calculé ainsi :

Indice Fog = 0,4 x (nombre moyen de mots par phrase + pourcentage de mots composés d’au moins 3 syllabes).

Plus l’indice est élevé, moins le texte est considéré comme lisible. Cet indice reste critiquable, surtout lorsque le texte étudié est un rapport annuel. De nombreux termes financiers usuels contiennent plus de trois syllabes en anglais et leur fréquence dans un rapport annuel ne réduit certainement pas sa lisibilité (liabilities, profitability, receivables, etc.). Mais il présente l’avantage d’une certaine objectivité (il n’est pas manipulable), et les auteurs obtiennent des résultats.

Au moment de l’annonce de l’alliance stratégique, le cours de bourse des deux partenaires réagit positivement, mais la réaction est moindre si le rapport manque de lisibilité. En séparant en deux l’échantillon selon l’indice Fog, la réaction est de + 1,81 % lorsque le partenaire a un rapport d’annuel « lisible », contre 0,84 % lorsqu’il est « peu lisible ». L’analyse empirique prenant en compte les caractéristiques des entreprises concernées, confirme ce résultat : une hausse de la lisibilité d’un écart-type entraîne une réaction de marché 43 % supérieure (environ un demi-point de pourcentage de hausse en plus).

Les auteurs constatent aussi que l’effet de la lisibilité sur la réaction de marché est plus fort lorsque le partenaire n’appartient pas au même secteur d’activité, et que cet effet a été réduit après 2002 (mise en place de la loi Sarbanes Oxley). Ces résultats corroborent l’idée que la lisibilité du rapport annuel est importante en cas d’asymétries d’information, pour renforcer la confiance des investisseurs. Et la méfiance en la matière est justifiée : la probabilité d’annulation du partenariat stratégique entre l’annonce et sa mise en œuvre est plus élevée lorsque le partenaire présente un rapport annuel peu lisible.

 

[1] B.H.HWANG et H.H.KIM (2017), “It pays to write well”, Journal of Financial Economics, vol. 124, pages 373 à 394.

[2] M.BAXAMUSA, A.JALAL et A.JHA (2018), “It pays to partner with a firm that writes annual reports well”, Journal of Banking and Finance, vol. 92, pages 13 à 34.

 



Q&R : Deux remue-méninges financiers

Problème 1 : Un ami investisseur vous sollicite s’agissant de l’évaluation d’une société en difficulté offrant des perspectives de redressement. Il est assez embarrassé car entre les projections et la situation à l’instant t, on passe des ténèbres à la lumière !!!!!! Comment peut-il procéder pour rendre des conclusions qui soient honnêtes intellectuellement et qui fassent sens au plan économique et financier ? L’étude réalisée par un cabinet qui lui a été remise le laisse perplexe : Montant des capitaux propres comptables : 5 000 €, valeur par actualisation des flux de trésorerie : 12 000 000 €. Il vous confie que pour lui, cette approche constitue une absurdité (pour rester courtois et poli.)

Réponse après le problème 2 que voilà :

Problème 2 : Vous observez les données suivantes sur une société industrielle dans le domaine du BtoB :

Ventes : 9 M€
Résultat d’exploitation : 0,9 M€
Résultat net : 0,6 M€
Capitaux propres 3,7 M€
Dette bancaires / fin. Nettes 0 M€
Immobilisations 3 M€
Stocks 1,5 M€
Clients 0,1 M€
Fournisseurs 0,9 M€

Que pouvez-vous en déduire quant à son mode de financement ?

 

Réponse au problème 1 : Voici deux idées que vous pourriez suggérer à votre ami.

1/ Vous valorisez l’entreprise pour le montant comptable de ses capitaux propres et donnez aux actionnaires actuels des bons de souscription avec un prix d’exercice au nominal qui sont exerçables si l’entreprise tient le plan d’affaires qui justifie la valeur d’actualisation des flux de trésorerie disponible de 12 M€.

2/ Vous valorisez l’entreprise par une actualisation de flux de trésorerie disponible mais vous prenez un taux d’actualisation les premières années de type venture capital (40 ou 50 %) qui ne tombe qu’à 10-15 % qu’une fois que l’entreprise est sauvée des eaux. Par exemple le flux de l’année 5 est actualisé ainsi F5/(1,4^2x1,1^3), s’il faut deux ans pour redresser l’entreprise.

Réponse au problème 2 :

Ce qui est frappant c’est la faiblesse du poste clients, 0,1 M€ pour 10 M€ de ventes, soit un encours de 3 jours de vente. Impossible, sauf à avoir procédé à une titrisation ou à l’affacturage du poste client et que ceux-ci ne soient pas reconsolidés. En fait notre entreprise sans dettes bancaires et financières nettes a quand même des dettes que l’on peut estimer, si l’on prend l’hypothèse d’un délai de paiement moyen des clients de 50 jours et une TVA à 20 %, à environ 1,5 M€. 

 



Commentaire : Commentaires

Régulièrement, nous publions sur les pages Facebook et LinkedIn du Vernimmen[1] des commentaires que nous inspire l’actualité financière. Vous en trouverez quelques-uns publiés le mois dernier dans cette rubrique :

Les classements des conseils en M&A


Le classement Agefi pour le premier semestre 2018, publié avant la pause estivale montre que 13 banques (sic) ont conseillé Unibail-Rodamco ou Westfield dans leur rapprochement qui, avec près de 21 Md€, constituait la plus grosse opération de ce semestre. Et ces 13 banques occupent les 13 premières places du classement compte tenu de la taille de cette transaction par rapport aux autres transactions enregistrées.

Comme il n’est pas vrai que 13 banques aient conseillé les deux parties (heureusement pour les parties qui, sinon, auraient dû affréter des bus pour aller aux réunions de négociation !), certaines banques pour obtenir le crédit de cette opération ont dû délivrer des avis d’équité (à des prix défiant toute concurrence, voire gratuitement) ou consentir des crédits.

Comme cette hypocrisie ne date pas d’aujourd’hui, le meilleur classement est probablement celui fait sur les commissions facturées et non pas sur les volumes de transaction déclarés.

Publications trimestrielles et court-termisme

Monsieur Trump a demandé à la SEC de réfléchir à passer à un rythme semestriel, et non plus trimestriel comme depuis 1970, des résultats des entreprises cotées américaines. Ce serait un alignement sur la position européenne qui a supprimé depuis 2013 l’obligation de publication de résultats trimestriels.

Si cette mesure était adoptée par la SEC, puis par les entreprises (car il ne s’agit pas d’interdire la publication des résultats trimestriels, simplement de supprimer l’obligation d’en publier. En Europe, beaucoup de groupes cotés continuent de publier des résultats trimestriels), nous ne pensons pas que le court-termisme de certains investisseurs serait pour autant réduit et les effets induits négatifs sur les entreprises neutralisées.

En effet, ce qui nous paraît malsain n’est pas les résultats trimestriels en eux-mêmes, mais la publication à cette occasion d’indications sur les résultats du prochain trimestre, les guidances en franglais. Une fois ces indications données, l’entreprise se sent tenue de les respecter et peut alors être conduite à piloter sa gestion avec un objectif à 3 mois de délivrer ce qu’elle a promis quoiqu’il arrive. Or, la visibilité à 3 mois n’est pas évidente car si un gros client diffère d’une semaine sa commande, ou un fournisseur sa livraison pour une raison quelconque, l’activité peut être perturbée avec une faible durée pour se rattraper. D’où des effets pervers possibles comme la réduction d’un programme de R&D pour réduire des charges du trimestre en cours afin d’atteindre le résultat trimestriel annoncé.

Quitte à interdire quelque chose, il vaudrait mieux, nous semble-t-il, interdire la publication de guidances à court terme pour aider les directeurs financiers qui ne se sentent pas suffisamment forts pour prendre cette décision par eux-mêmes.

Rappelons à nos jeunes lecteurs que la généralisation de la publication de résultats trimestriels par les grands groupes cotés européens, date de début 1999 quand Paribas et la Société Générale, étant l’objet d’une double offre publique hostile de la BNP, ont commencé à publier des résultats au titre du premier trimestre 1999, car ceux-ci étaient excellents et bien au-delà des attentes des investisseurs. C’était une façon intéressée de rompre une asymétrie d’information et surtout, à défaut d’échapper à une prise de contrôle par la BNP, d’avoir un cours de bourse et/ou un prix de changement de contrôle qui reflète la situation présente et non celle d’il y a six mois. 

Plus récemment, la semaine dernière, le cours de Walmart a bondi de 9,3 % à l’annonce de résultats trimestriels bien meilleurs que prévus, en particulier sur les ventes d'épicerie attaquées par Amazon. La publication des résultats trimestriels de Macy’s s’est traduite elle par une chute du cours de 16 %. Ce qui montre bien que ces résultats contiennent des informations jugées pertinentes par les investisseurs, même pour les très grands groupes. À défaut de ces publications, pendant 3 mois les acheteurs d’actions Walmart et les vendeurs d’actions Macy's auraient bénéficié d’un effet d’aubaine au détriment de leurs contreparties.

Un LBO qui tourne bien

En 2013, Michael Dell et Silver Lake avaient sorti de la Bourse Dell pour 25 Md$, dont son président fondateur qui détenait alors 14 % (soit un patrimoine de 3,5 Md$). L'endettement contracté était d'environ 14 Md$.
Hier, le retour en Bourse de Dell a été annoncé avec une participation pour son fondateur comprise entre 47 % et 54 % pour une valeur du groupe d'environ 70 Md$, donnant un patrimoine au fondateur éponyme de 35 Md$ environ, soit 10 fois plus que son investissement de 2013. Et un TRI sur 5 ans de 58 % par an.
Beauté de l'effet de levier qui fonctionne bien et qui permet à un entrepreneur de reprendre le contrôle de son groupe.
En France, après plusieurs LBO consécutifs et un travail remarquable, Frédéric Sanchez et son équipe ont réussi à prendre le contrôle de Fives, groupe d'ingénierie industrielle, l'une des réussites françaises les moins connues du grand public.
Pour un effet de levier qui fonctionne mal, voir la restructuration annoncée la semaine dernière du financement de Orchestra, cotée en Bourse, mais LBO qui s'ignorait depuis quelques années, qui dilue significativement son fondateur.

 

[1] Que vous pouvez consulter ici pour Facebook et là pour LinkedIn.



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