Chapitre 22
LES INVESTISSEURS ET LA LOGIQUE DES MARCHÉS FINANCIERS : L'obligation
Un titre de dette est un titre financier qui matérialise l’engagement d’un emprunteur envers un prêteur qui, en contrepartie, met des fonds à sa disposition. Cet engagement prévoit un échéancier de flux financiers qui définit les modalités de remboursement des fonds et un mode de rémunération du prêteur dans l’intervalle.
Le prix d’une obligation ne traduit pas sa cherté ; seul le taux de rentabilité actuariel de l’obligation (qui annule sa VAN, c’est-à-dire la différence entre son prix et la valeur actuelle des flux futurs) permet de classer les différentes opportunités offertes à l’investisseur (en fonction du risque et de la durée). Sur le marché secondaire, le taux de rentabilité actuariel ne représente qu’un coût d’opportunité pour l’émetteur : c’est le coût auquel il pourrait se réendetter aujourd’hui.
Les paramètres de base des obligations sont les suivants :
? valeur nominale ou valeur faciale ou pair ;
? prix d’émission assorti éventuellement d’une prime (ou d’une décote) par rapport à la valeur nominale ;
? amortissement : remboursement in fine, par amortissement constant, par annuités constantes. Il est également parfois possible de rembourser une partie du capital par anticipation ;
? durée de vie moyenne : elle correspond à la moyenne des durées de vie de chacune des tranches de l’emprunt lorsque que celui-ci est remboursé en plusieurs fois;
? date de jouissance : c’est la date à partir de laquelle les intérêts commencent à courir ;
? taux facial : c’est le taux du coupon ;
? prime d’émission/de remboursement : c’est la différence entre le prix d’émission et la valeur nominale/entre le prix de remboursement et la valeur nominale ;
? périodicité : c’est la fréquence de versement des intérêts. Lorsque les intérêts ne sont versés qu’au moment du remboursement de l’emprunt après avoir été capitalisés, on parle d’emprunts coupon zéro ;
? les intérêts sont soit précomptés (versés au début de la période sur laquelle ils sont calculés), soit postcomptés.
La diversité de ces paramètres explique pourquoi le taux de rentabilité actuariel peut différer du taux du coupon.
Les titres de dette à taux fixe sont exposés à un risque de taux : la valeur d’un titre de dette à taux fixe monte quand les taux baissent et vice versa. Cette fluctuation se mesure par :
? la sensibilité, qui mesure la variation en pourcentage de la valeur d’une obligation induite par une petite variation du taux d’intérêt. La sensibilité est fonction de la date d’échéance de l’obligation, de son taux facial et du taux du marché ;
? la convexité, dérivée seconde du cours par rapport au taux d’intérêt, qui exprime la rapidité de son appréciation ou de sa dépréciation si les taux baissent ou montent ;
? un risque de réinvestissement des coupons : il existe un horizon pour lequel un portefeuille est immunisé, c’est-à-dire protégé contre le risque de fluctuation des taux d’intérêt (risque en capital et risque de réinvestissement des coupons) : c’est la duration, égale au rapport des flux actualisés et pondérés par le nombre d’années à la valeur actuelle du titre de dette.
Les titres de dette à taux variable ont un coupon qui n’est pas fixe, mais indexé sur un taux de marché (avec une marge fixe ajoutée au taux variable dans la détermination du coupon). Les obligations à taux variable sont des titres très peu volatils, même si leur valeur n’est pas toujours égale à 100 % du nominal.
Certaines des obligations sont appelées vertes lorsqu’elles financent des investissements ayant un impact positif pour l’environnement, d’autres sociales quand elles financent des projets à connotation sociale, d’autres durables quand elles financent des projets à la fois environnementaux et sociaux. D’autres enfin sont liées au développement durable de l’entreprise quand leur rémunération dépend de l’atteinte par l’entreprise de ses objectifs en ce domaine.
Tous les titres de dette sont exposés à un risque de solvabilité apprécié par les agences de rating (Standard & Poor’s, Moody’s…) via des notes (AAA, AA, A, BBB…) qui dépendent de la volatilité de l’actif économique et de la structure financière de l’émetteur. La conséquence en est la marge ou spread, écart entre le taux de rentabilité actuariel de l’obligation et celui d’un emprunt sans risque de durée identique. Le spread est naturellement d’autant plus faible que la solvabilité de l’émetteur est perçue comme bonne.