Chapitre 32
LA VALEUR : Le risque dans l'investissement

Les méthodes traditionnelles d’analyse du risque reposent toutes sur le principe de l’actualisation des flux. Elles sont applicables lorsque les décisions d’investissement sont irréversibles.

La simulation est une décomposition des flux futurs selon différents scénarios. La méthode de Monte Carlo permet d’approfondir les perspectives de flux en affectant une distribution de probabilité à chacun d’entre eux. Enfin, la méthode de l’équivalent certain s’appuie sur une actualisation au taux sans risque de flux certains jugés équivalents aux flux que l’investissement devrait générer.

Ces différentes méthodes trouvent leur limite lorsque les gestionnaires d’un projet ont les moyens d’utiliser de nouvelles informations pour modifier le projet en cours d’exécution, c’est-à-dire lorsque le projet est doté d’une certaine flexibilité.

Dans ce cas, l’industriel est comparable au financier qui possède le droit de renforcer ou d’alléger sa position vis-à-vis d’un titre financier, à des conditions déterminées d’avance. Il peut ainsi être assimilé au financier qui détient une option. La flexibilité d’un investissement a une valeur : la valeur de l’option qui lui est attachée. Cette caractéristique concrète d’un investissement flexible est une option réelle.

Trois éléments doivent être réunis pour qu’un projet d’investissement comporte effectivement des options réelles :

Les projets d’investissement peuvent contenir de nombreux types d’options réelles :

L’étude des investissements selon leur valeur actuelle nette peut être généralisée grâce au concept d’option réelle. On parle alors de valeur actuelle nette augmentée (ou VANA). Cette dernière est la somme de la valeur actuelle nette du projet et des options réelles qui lui sont attachées. L’incertitude inhérente au caractère flexible d’un projet industriel est donc créatrice de valeur, mais l’écoulement du temps réduit cette incertitude pour laisser la place à la valeur intrinsèque issue de l’actualisation des flux ajustés de l’information nouvellement acquise.

Les options réelles sont d’un apport intellectuel indubitable ; elles permettent de sortir du cadre de la simple valeur actuelle nette, de penser autrement et donc d’avoir de nouvelles idées. Cependant l’application concrète du concept est souvent délicate et peut mener à des hérésies.

Mais le risque ne réside-t-il pas d’abord dans les biais cognitifs qui nous font faire des erreurs de raisonnement systématique sans que nous en ayons conscience : biais de confirmation consistant à ne voir dans l’environnement que les éléments qui renforcent votre conviction, l’aversion au risque qui croît plus l’on s’éloigne du sommet de l’entreprise, biais d’optimisme et d’excès de confiance en soi, biais de groupe qui conduisent les objections à rester tues, et le biais d’intérêt, pour ne citer que les principaux.

Pour contrecarrer les biais cognitifs, il convient d’organiser le dialogue pour favoriser la confrontation des points de vues avant la décision, de décentrer pour voir les faits sous un autre angle, et de favoriser l’agilité dans la décision, sans oublier l’humilité face aux faits qui est la première qualité d’un bon financier.

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